Les brèves de 2023 sur l'électrosmog - Pierre Dubochet

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Voici des informations qui ne justifient pas l'ouverture d'une page
© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
mis à jour le 5 décembre 2023

Le Conseil fédéral n’envisage pas de faire contrôler la puissance des téléphones mobiles

5 décembre 2023 | À ce jour, 45 modèles de téléphones mobiles ont été mesurés en France avec un rayonnement supérieur à la limite légale. Par exemple l’iPhone 12 d’Apple mesuré en 2021 déjà, ou le Motorola Edge.
Pour mémoire, chez les utilisateurs de moins de 20 ans, plusieurs études épidémiologiques (Hardell, Stein, Coureau, de Vocht p. ex.) ont démontré l’existence d’un lien associatif statistiquement significatif entre une tumeur du cerveau et l’exposition aux rayonnements après utilisation excessive de téléphones mobiles ou de téléphones sans fil.
Au vu des dépassements de la valeur légale, Marionna Schlatter a demandé au moyen d’une motion qui allait procéder à la surveillance des émissions des téléphones portables en Suisse. La réponse du Conseil fédéral vient de tomber, trois ans après la question: «Suite à une analyse du rapport coûts/bénéfices et en raison de la situation financière de la Confédération, les ressources requises ne peuvent pas être mises à disposition».
En 2024, sur un budget de 90 milliards, la Confédération débloquera par exemple 4 milliards de francs pour le mécanisme de sauvetage destiné au secteur de l’électricité. Sans qu’on puisse expliquer pourquoi, une entreprise d’électricité —presque toutes sont des sociétés anonymes autonomes— ne peut pas faire faillite et les actionnaires ne peuvent pas perdre leur argent, contrairement à toute autre entreprise.
Mais nous n’aurions pas les moyens de financer un laboratoire de mesure des téléphones portables employés chaque jour par presque 9 millions de Suisses.
Ainsi, il n’est pas possible actuellement, et il ne sera pas possible dans le futur de consulter un site officiel en Suisse en tant que source primaire indiquant si un téléphone mobile respecte la limite légale, ou non.
Et les importateurs pourront continuer d’introduire sur le marché helvétique des téléphones qui dépassent les valeurs légales, sans être inquiétés. Par économie, le Conseil fédéral choisit de fermer les yeux sur le fait que les importateurs continueront de faire courir un risque supplémentaire évitable à environ un million de jeunes suisses de moins de vingt ans qui utilisent un téléphone mobile, ou sont exposés au rayonnement de tels téléphones.
L'oreillette Bluetooth pour réduire son exposition?
La plateforme d’information de la Confédération suggère l’usage d’écouteur Bluetooth pour réduire son exposition aux émissions électromagnétiques*.
Sachez qu’une oreillette de classe 1 expose le cerveau à un rayonnement plus intense qu’un téléphone mobile tenu à 20 cm dans la pire condition de transmission, c’est-à-dire quand le téléphone émet au maximum.
Il est recommandé d’utiliser le haut-parleur chaque fois que c’est possible, plutôt qu’un écouteur Bluetooth de classe 1.
* https://www.5g-info.ch/fr/

Insectes, méta-analyse | La grande majorité des études montre des effets, généralement nocifs

29 novembre 2023 | De temps en temps on me demande si les rayonnements ont des effets négatifs sur les insectes. C’est un domaine dans lequel je n’ai pas d’expertise. Je profite de la publication, il y a quelques jours, d'une revue systématique et d'une méta-analyse concernant les effets biologiques des rayonnements non ionisants sur les insectes pour vous faire part des résultats.
Cent trente études relatant des expériences sur les CEM chez les insectes, publiées après 1980, ont fait l'objet d'une évaluation de qualité. Cette revue systématique résume les résultats des études portant sur la toxicité des champs électromagnétiques chez les insectes. L'objectif principal de cette étude est d'évaluer les preuves des effets néfastes sur les insectes de l'infrastructure technologique croissante, en se concentrant particulièrement sur les lignes électriques et les réseaux de téléphonie mobile.
Une vue d'ensemble des effets rapportés et des mécanismes biologiques de l'exposition aux champs électromagnétiques, qui tient compte des récentes découvertes en biologie cellulaire, est incluse.
La grande majorité des études montre des effets, généralement nocifs
L'extrapolation à partir des résultats du laboratoire, qui est une pratique courante en écotoxicologie, justifie selon les auteurs qu'on évoque une augmentation du niveau de menace de l'impact des rayonnements non ionisants environnementaux sur les insectes. La grande majorité des études montre des effets, généralement nocifs. Il est peu probable que ces découvertes soient le fruit du hasard.
Malgré des lacunes, l'existence de résultats cohérents de nombreuses études menées par divers groupes de recherche utilisant divers protocoles constitue selon les auteurs un argument irréfutable en faveur de l'annonce d'effets néfastes des rayonnements non ionisants à basse et à haute fréquence, de faible puissance, sur les insectes. Les rayonnements à haute fréquence semblent produire des effets plus forts et plus nocifs chez les insectes que les rayonnements à basse fréquence.
Les insectes devraient toutefois être les plus touchés que les humains, car ils sont déjà sous la pression de multiples menaces, moins résistants aux facteurs de stress et aux polluants que les animaux plus gros et, en raison de leur petite taille, plus vulnérables aux fréquences de plus en plus élevées utilisées par l'infrastructure de téléphonie mobile.
L'étude peut être téléchargée ici.
Figure 7 de l’étude | Pourcentage d'expériences ayant mis en évidence des effets biologiques des rayonnements sur les insectes, selon la cause de l'effet (A= basse fréquence, B= haute fréquence).
 

Une filiale de Swisscom saura bientôt tout de la consommation électrique des Valaisans

Figure 1 | Deux heures de courbe de charge d'un appartement par une mesure toutes les 15 minutes ou en temps réel.
Figure 2 | Courbe de charge d'un appartement centrée sur l'allumage d'une cuisinière vitrocéram avec une mesure toutes les 15 minutes ou en temps réel  (62 minutes).
Figure 3 | Extraites de 3 journées successives, courbes de charge de 30 minutes mesurées en temps réel, centrées sur un chauffe-eau.
26 mai 2023 | En Suisse, le marché des compteurs communicants avance à pas feutrés. Un compteur communicant analyse en permanence le flux de l'intensité du courant et transmet des données de consommation (la courbe de charge) à un centre informatique.
Un réseau électrique fonctionne avec des algorithmes, c'est-à-dire des mathématiques. Des subalternes plus fantaisistes que raisonnables colportent sur la toile et dans leurs conférences l'appellation et le mythe du «réseau intelligent» et du «compteur intelligent». Croient-ils vraiment que le réseau électrique ou un objet a la capacité de comprendre ce qu'il fait et d'agir avec discernement, ce qui définit l'intelligence?
Il se dit que les compteurs communicants joueront un rôle central dans la transition énergétique. Le compteur communicant devrait aider le client à mieux connaître sa consommation électrique, selon les fournisseurs. Jusqu'à présent, chaque personne intéressée peut aller regarder l'affichage de son compteur aussi souvent qu'il le souhaite et en tirer des conclusions. Il me semble que pas grand monde ne se passionne pour sa consommation de courant.
Ceux qui ont entrepris des économies n'ont pas besoin de lire sans cesse leur compteur: leur mode de vie est économe. Avec la pression financière sur les ménages, on voit mal la population gaspiller son courant, et donc on voit mal comment les économes pourraient économiser entre 1,5 et 2,5 milliards grâce à l'introduction de compteurs comme l'a écrit l'Office fédéral de l'énergie. Ceux que la consommation d'énergie ne préoccupe pas ne vont pas changer d'attitude avec un nouveau compteur.
En revanche, on a compris que cette hérésie technologique coûtera un milliard de francs pour quinze ans aux consommateurs, en sus de soutenir le capitalisme de surveillance grâce à un profilage dissimulé comme nous allons le voir. Et d'augmenter l'électrosmog. Le tout présenté comme le moyen de «cibler les économies d’énergie».
Un jour, Swisscom pourra savoir quand un Valaisan rechargera sa voiture électrique
On en vient à la courbe de charge, c'est-à-dire au suivi en temps réel du courant prélevé au réseau. Selon l'ordonnance sur l’approvisionnement en électricité, le compteur «calcule les courbes de charge avec une période de mesure de quinze minutes» (art. 8a let. a ch. 2).
J'ai mesuré des compteurs connectés effectuant plusieurs transmissions par minute, et non pas par quart d'heure. La différence n'est pas anodine. Swisscom reconnaît que les compteurs «fournissent des mesures en temps réel aux fournisseurs d’énergie et d’eau». Une mesure en temps réel permet d'identifier des appareils. Preuve par les figures 1 et 2 ci-contre avec deux courbes produites par une mesure tous les quarts d'heure comme le prévoit l'ordonnance et une courbe en temps réel comme l'obtiennent les détenteurs du réseau. Le temps réel permet de reconnaître l'enclenchement de certains appareils. Ce n'est pas le cas de la courbe par quart d'heure.
La figure 1 reproduit deux heures de consommation durant lesquelles on peut observer l'intensité prélevée par divers appareils qui produisent une évolution graphique distincte de la courbe. La figure 2 montre que la «signature» du fonctionnement d'une cuisinière risque de demander un ajustement fin du logiciel de reconnaissance de la courbe. En revanche, la signature du chauffe-eau en figure 3, avec une durée de fonctionnement de 11 minutes (env.) dès 20h34 le premier jour, de 14 minutes le lendemain dès 22h59 et de 12 minutes le troisième jour dès 21h22 est plus facile à identifier. Si ce ménage d'une personne en accueille une deuxième, il sera facile de le voir à distance en surveillant le temps de fonctionnement du chauffe-eau.
La courbe de charge d'appareils spécifiques reconnus préalablement peut être identifiée automatiquement sur le réseau, à peu près comme le font les algorithmes de reconnaissance faciale qui analysent la géométrie du visage.
Cette technologie de surveillance de la charge (à l'origine non intrusive appliance load monitoring - NIALM) est développée depuis les années 1990, et se fait désormais intrusive. En quelques secondes, chauffe-eau, borne de recharge pour voiture électrique, pompe à chaleur ou autres sont reconnus.
Ces futures possibilités du réseau électrique attirent un grand nombre de sociétés qui espèrent s'emparer de métadonnées qui appartiennent à l'abonné au réseau électriquesans lui demander la permission,* les analyser puis utiliser ces ressources au service d'objectifs de tiers avec but de les convertir en argent.
Une société liée aux algorithmes comportementaux s'immisce dans le comptage de l'électricité des Valaisans
D'après une publication de la feuille officielle valaisanne du 8 mai, Swisscom, plus exactement sa filiale Swisscom Digital Technology (SDT) participera désormais au comptage d'électricité d'Oiken (et de fluides), le distributeur valaisan aux 100'000 compteurs fondé en 2019.
SDT a pour but toutes prestations de conseils et de services, notamment dans les technologies liées aux données, facilitant les échanges commerciaux et le marketing sur les supports électroniques. Ses mots-clés sont liés au marketing des médias sociaux, aux algorithmes comportementaux (behavioral intelligence) et à la publicité sur mobile. On ne saurait être plus clair.
D'après des chercheurs, compte tenu des faibles quantités de données que le système de mesure connecté communique, il n’est pas nécessaire de disposer de la fibre optique (point.43).
Si les 100'000 compteurs d'Oiken revisités par SDT transmettent des données plusieurs fois par minute sur le réseau de téléphonie mobile de Swisscom, ils élèveront l'électrosmog à haute fréquence sur tout le Valais.
Sur ce graphique qui compare les impulsions de la 4G et celles de la 5G, on voit en rouge le rayonnement 4G provoqué par les connexions intermittentes des smartphones qui font répondre la station de base. Il y a seulement quelques appareils connectés au moment de cette mesure. La technologie des compteurs connectés transmettant par le réseau mobile pourrait nécessiter un accusé de réception émis par la station de base, ce qui provoquerait de brèves, mais très régulières transmissions.
* En tout état de cause, comprendre réellement les enjeux d'un consentement envers une société qui exploite les algorithmes comportementaux demande de grands efforts cognitifs. Dans leurs pratiques, le défaut d'information voire la dissimulation intentionnelle d'information est tel que, de mon point de vue, on s'approche plus du dol que d'un consentement.

La position des antennes sur la carte et dans la réalité

Figure 1 | Carte des antennes, position réelle des antennes, photo aérienne de l'immeuble.
Figure 2 | Ma photo de l'immeuble, avec l'antenne (flèche rouge) agrandie en médaillon. Cliquez pour agrandir.
Figure 3 | La vue de Google Maps indiquant une image et des données cartographiques de 2023.
Figure 4 | Vue aérienne de mai 2019.
2 février 2023 | Avant de me rendre chez un client qui me mandate pour effectuer un mesurage des rayonnements à domicile, je consulte différentes cartes pour analyser les environs, par acquit de conscience, et j'inscris diverses données sur la fiche du client. Bien entendu, je me fie à mon mesurage et non à ce que montrent les cartes. Le mesurage révèle les rayonnements des installations visibles et invisibles.
En vue d'un mesurage récent dans le canton de Genève, en mesurant la distance sur la carte, j'ai noté sur ma fiche qu'une antenne de téléphonie mobile se trouvait à 100 m de l'appartement que j'allais visiter. Sur place, j'ai été surpris que cette distance soit en réalité beaucoup plus courte. J'ai pensé utile de vous rédiger cette brève.
Quand on regarde la carte en ligne des antennes de l'OFCOM (ici la région de Lausanne), on peut zoomer et examiner n'importe quel lieu de Suisse. C'est une première approche utile à qui s'intéresse à louer ou acheter un appartement, spécialement dans les étages supérieurs, parfois exposés à un rayonnement «extrêmement significatif» de la téléphonie mobile selon la médecine environnementale.
Il est dit que les antennes ne sont pas nécessairement à leur emplacement exact. Ce qui est un peu étrange considérant le traitement numérique des données. Toujours est-il qu'il existe d'une part des géodonnées et d'autre part les données des antennes proprement dites. Un décalage de 3 ou 5 m n'est pas préoccupant. Quand il existe un décalage de plusieurs dizaines de mètres entre l'endroit où se situe l'antenne sur la carte et son emplacement réel, je suis d'avis qu'il y a un problème.
Un exemple dans le canton de Genève
Dans le cas que j'ai relevé, la façade la plus proche ne se trouve pas à 99,5 m de l'antenne, mais plutôt à 70,6 m. Ceci fait 30% de distance en moins et double approximativement la puissance de rayonnement reçue.
Sur la carte des antennes, une station de base est matérialisée par des points de couleur renseignant sur les technologies exploitées 3G (point violet) ou 4G (point cyan). Le point vert plus gros indique que, à choix de l'opérateur:
  • La station utilise plusieurs canaux 3G ou 4G pour accélérer un peu le débit et indiquer éventuellement «5G» sur votre téléphone;
  • La station utilise la technologie 5G à 700 MHz, 1400 MHz ou environ 3500 MHz pour accélérer davantage le débit.
Il est impossible de savoir ce qu'il en est pour l'utilisateur de la carte des antennes ou pour l'utilisateur d'un smartphone, à moins d'une bonne connaissance de ces technologies. Voir aussi: la carte des antennes 5G est trompeuse (ouvre une nouvelle fenêtre).
Tout ce qui concerne ma veille sanitaire sur la technologie 5G se trouve sur la page Veille sanitaire 5G (ouvre une nouvelle fenêtre).
L'immeuble qui reçoit la station, aux façades orange, mesure plus de 80 m de long. Voire la figure 2, ma photographie. La flèche rouge pointe l'antenne, agrandie en médaillon. Comme il n'est souvent pas possible, sur un immeuble, de rajouter un mât haut qui donnerait assez de dégagement afin que les antennes puissent irradier dans toutes les directions, les antennes posées sur un bâtiment long sont fréquemment montées aux extrémités. Sur l'immeuble examiné, deux groupes d'antennes se situent ainsi où se trouvent les flèches rouges sur la figure 1. L'antenne à droite sur l'illustration est ainsi plus près de 30,9 m de l'immeuble voisin que le laisse supposer la carte des antennes, comme le prouve une vue aérienne. Ce n'est pas anodin!
On pense prendre une longueur d'avance en vérifiant les environs avec les vues du ciel de Google Maps. Attention: les dates de données cartographiques et les dates d'images de Google Maps ne disent rien... de la date de la prise de vue. Vous êtes surpris? Je comprends. Google Maps indique l'année 2023 pour la prise d'image et pour les données cartographiques de la vue ci-contre, selon la copie-écran du jour en figure 3. Or, comme le prouve la photo en figure 4, l'antenne de téléphonie mobile a été installée entre juillet 2018 et mai 2019. Donc, les photos marquées 2023 de Google Maps ne rendent pas visible une antenne qui pourrait être installée depuis 5 ans. Sur ce point, Google s'exprime de la façon suivante: «Il est possible que les conditions réelles soient différentes des résultats sur la carte et du contenu. Vous devez donc faire preuve de  discernement». De mon point de vue, celui qui devrait faire preuve de discernement est celui qui trompe le visiteur du site en indiquant une date de prise de vue différente de plusieurs années de la date de prise de vue réelle...
Que faire ?
La première chose est de tenir compte de toutes les informations dont vous pouvez disposer. Une antenne peut être visible sur le toit d'en face. Mais une antenne peut aussi se trouver sur le toit d'en face, cachée dans une structure. Par exemple une fausse cheminée. Certaines communes sont plus fortes que d'autres à ce petit jeu. La carte des antennes vous indiquera une installation de téléphonie mobile invisible, par exemple située dans le clocher de l'église juste en face. Vous pouvez aussi accéder à ce mélange de visuels que j'ai préparé pour vous. Il affiche la carte des émetteurs radio plus une photographie satellite récente en semi-transparence. Après avoir repéré un site d'émission, grâce aux ronds de couleur, vous pourrez localiser avec plus de facilité les antennes qui n'ont pas été cachées. Soyez patients si les données photographiques nécessitent un peu de temps pour parvenir à votre affichage. Cet assemblage consomme des ressources.
Cela dit, ce n'est pas parce qu'une antenne est proche d'une maison que le rayonnement y est nécessairement élevé. C'est plus compliqué que cela. Si vous avez des doutes au moment de l'achat d'un bien, le plus rationnel est de faire procéder à un mesurage avant la signature du contrat.
Bonne recherche!  

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