comment relier une atteinte à l'ADN a une exposition aux ondes? - Pierre Dubochet

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Pour la Confédération, il existe des preuves que les rayonnements faibles présentent des risques sanitaires

«Des recherches ont abouti à des observations plus ou moins bien étayées montrant d’autres effets biologiques qui ne peuvent être imputés à un réchauffement. Des preuves suffisantes d’un effet sur les flux cérébraux ont été établies d’après des critères scientifiques. Quelques indices démontrent par ailleurs une influence sur l’irrigation du cerveau, un effet nocif sur la qualité du sperme, voire une déstabilisation du patrimoine génétique, ainsi que des répercussions sur l’expression des gènes, sur la mort programmée des cellules et sur le stress oxydatif des cellules» (OFEV 2019).

On peut transmettre la vie malgré des anomalies génétiques
Lecture : 5 min 30 | 1620 mots | Article en 3 parties
Revenons au risque d’anomalies génétiques en raison d’expostion à la téléphonie mobile.
La production des gamètes (cellules reproductrices) chez l’homme commence à la puberté et se poursuit durant toute la vie. Le cycle dure environ 65 jours. En revanche, tous les ovocytes de premier ordre d’une femme sont formés durant les premières semaines intra-utérines. Ceux qui échappent à la mort programmée attendent la suite, entre la puberté et la ménopause. Chaque mois un petit nombre est alors activé, mais un seul poursuit la méiose et entreprend une maturation qui le rend fécondable.
L’être humain possède deux jeux de chromosomes, un de chaque parent. La plupart des cellules de l’organisme renferment le nombre diploïde de chromosomes représenté par le symbole 2n. Il est de 46 chez les humains.
Les cellules diploïdes contiennent 23 paires de chromosomes semblables appelées chromosomes homologues. Chaque paire se compose d’un membre qui provient du père (chromosome paternel) et d’un membre qui provient de la mère (chromosome maternel).
Lors de la fécondation, le génome du père est combiné avec celui de la mère. Si l’un des gamètes anormaux s’unit à un gamète normal, l’individu qui en sera issu aura un nombre anormal de chromosomes, état appelé aneuploïdie.
Si trois copies du même chromosome se trouvent dans le zygote (soit 2 n + 1 chromosomes au total), cette cellule aneuploïde est dite trisomique pour ce chromosome. Le manque d’un chromosome dans le zygote donne une cellule dite monosomique pour ce chromosome.
Par mitose, toutes les cellules de l’embryon ont cette anomalie. S’il s’agit de gènes dominants, plus les effets sont désastreux sur l’organisme, plus la probabilité de mort au stade embryonnaire ou fœtal est élevée (avortement spontané). Plus d’une grossesse sur sept se solde par une fausse couche ou un avortement. La mort peut aussi survenir durant l’enfance. Les gènes mortels ont donc peu de probabilités de se transmettre aux générations suivantes.
S’il survit, la probabilité qu’un humain au patrimoine génétique altéré ait des enfants est plus faible que celle d’un individu sain. En effet, une mutation qui empêche la population d’atteindre le degré d’aptitude biologique théoriquement possible ne présente aucun avantage. Une modification de l’ADN doit apporter un avantage sélectif pour conquérir l’espèce.
Dans le cas où l’équilibre génétique est perturbé, l’organisme peut souffrir d’un ensemble de symptômes (un syndrome) caractéristique.
Par exemple, la présence d’un chromosome 21 surnuméraire provoque le syndrome de Down. L’individu a des traits faciaux caractéristiques, une taille petite, des malformations cardiaques, un retard intellectuel et une susceptibilité augmentée aux infections respiratoires, à la leucémie et à la maladie d’Alzheimer.
Le syndrome de Klinefelter touche le garçon qui porte un chromosome X surnuméraire (génotype XXY) à la naissance. Ses organes masculins sont atrophiés et stériles. Souvent, il présente des caractères physiques qui ont trait à la pilosité et à la déposition de graisses, notamment dans les seins, plutôt féminins.
Une part des sujets de sexe féminin atteints de trisomie X (ou syndrome du triple X) a des ovaires immatures, des problèmes de fécondité, un certain retard dans le développement intellectuel ou d’autres phénotypes possibles.
Le syndrome de Turner (monosomie X, génotype X0) empêche les organes sexuels d’atteindre la maturité à l’adolescence.
Lorsque le nombre de chromosomes est normal mais que la structure chromosomique est altérée, le sujet peut souffrir de certains troubles, notamment des déficiences physiques et mentales graves. La leucémie myéloïde chronique a été reliée à des translocations chromosomiques.
L’organisme atteint de maladies génétiques possède des systèmes régé­nérateurs de moindre capacité, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux polluants environnementaux.
© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
26 mai 2020

Comment relier une atteinte à l’ADN à l’exposition au RNI?
Les atteintes à l’ADN provoquées aujourd’hui par les RNI auront des conséquences partiellement observables dans le futur. Hors expositions animales en laboratoire, comment pourrons-nous dans le futur les relier individuellement aux événements d’aujourd’hui? Réponse: nous ne le pourrons pas.
Ni les médecins ni les généticiens ne sont en mesure de procéder à une reconstitution causale de la période qui sépare le moment de l’atteinte par un cancérogène et celui de l’identification clinique de l’atteinte du ou des toxiques responsables.
Ceci à l’exception de quelques cancers dus à des polluants déterminés, tel le cancer de la plèvre ou du péritoine —le mésothéliome— associé à une exposition à l’amiante.
Bien que le lien soit connu pour l’amiante, la science échoue cependant à expliquer l’enchaînement par lequel la fibre respirée par un malade atteint de mésothéliome est arrivée jusqu’à cet endroit précis de la plèvre ou du péritoine pour y développer ce cancer.
Le sujet qui vient au monde avec une maladie génétique causée à l’un de ses parents par une exposition aux rayonnements de la téléphonie mobile (ou autre rayonnement), ou en raison de son exposition intra-utérine, n’aura probablement jamais l’occasion de connaître la vérité.
Il n’aura pas donné son consentement.
Autre aspect: les familles les plus riches auront davantage de moyens de corriger ces effets que certaines catégories sociales qui ne pourront que les subir.

«Le sujet qui vient au monde avec une maladie génétique causée à l’un de ses parents par une exposition aux rayonnements de la téléphonie mobile (ou autre rayonnement), ou en raison de son exposition intra-utérine, n’aura probablement jamais l’occasion de connaître la vérité.»

Qui l’emportera face au risque génétique? Les opérateurs? La population?
L’annonce d’une nouvelle technologie —par exemple la 5G— sous le couvert d’être un «progrès» catégorise assez systématiquement ceux qui proposent une réflexion de fond sur la question comme étant opposés au progrès.
Le progrès, «progressus» en latin classique, signifie «avancer». Cet article montre que je suis favorable au progrès, désireux de faire avancer l’amélioration en bien, sans biais d’intérêts, entendu que le progrès n’a pas les seuls contours de la technologie, mais forme un tout: les caractéristiques de cette dernière doivent élever davantage la qualité de vie des peuples que ses défauts ne l’abaissent.
Il est établi que l’industrie de la téléphonie mobile minimise ses coûts au détriment de la santé publique et qu’elle cherche, en jetant constamment le doute, à altérer la progression de la science. Avant d’accepter la restriction d’un usage, l’industrie exige que la toxicité soit «prouvée» chez l’humain.
Premier écueil: pratiquement toute la population suisse est exposée aux rayonnements du sans-fil. On n’arrive pour ainsi dire plus désormais à identifier une population-témoin non exposée, ce qui complique l’association causale.
L’excès de cas obtenu dans une étude passe par un calcul statistique qui ne peut le valider que s’il entre dans un «intervalle de confiance» qui signale la solidité de la différence.
Deuxième écueil: aucune étude n’étant inattaquable, on discute sans fin de facteurs de confusions et de biais méthodologiques même quand il n’y a pas lieu.
Troisième écueil: rien n’est encore certain à ce stade puisqu’on en reste à une probabilité. D’un individu à l’autre, le risque connaît de grandes divergences.
Quatrième écueil: lorsqu’une étude est pratiquement incontestable, l’industrie lui oppose les résultats d’une autre étude présentée comme réplication —dont le protocole a posteriori ne peut être vérifié— qui produit un résultat différent, et s’en sert pour amoindrir la solidité de l’étude antérieure, ce qui est essentiellement un non-sens scientifique.

«L’exposition quasi permanente à l’électrosmog met chaque individu aux prises d’une probabilité grandissante de dommages à mesure que les jours passent. Vu que nous ne connaissons pas l’ampleur du danger, nous ne pouvons ni l’évaluer ni décider s’il est ou non acceptable.»

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Quelle dose votre organisme va-t-il supporter sans dommage?
L’histoire des effets toxiques est faite de «dose tolérable». Avec les rayonnements de nos appareils sans fil, cette dose doit être perçue essentiellement comme la durée d’exposition totale, et non pas en tant qu’intensité propre.
Une intensité plus élevée n'augmente pas nécessairement le risque, car il existe des fenêtres d'intensités par lesquelles un rayonnement donné est plus susceptible de perturber notre fonctionnement biologique.
Chaque jour que nous passons dans l’électrosmog augmente la dose totale, et ainsi augmente notre risque de lésions chromosomiques à une cellule somatique —ce qui cause un risque pour nous-mêmes— et augmente le risque de lésions chromosomiques à une de nos cellules germinales — ce qui augmente le risque pour notre descendance.
La Confédération refuse le moindre pouvoir environnemental ou sanitaire au droit cantonal ou communal. La Confédération détermine les seuils d’exposition acceptables pour toute la population, y compris celui dans nos chambres à coucher, alors qu’elle est actionnaire majoritaire de Swisscom, le plus important opérateur de la branche et que les seuils d'exposition sont directement liés aux coûts du réseau.
Comme je l’exposais plus haut, l’exposition quasi permanente à l’électrosmog met chaque individu aux prises d’une probabilité grandissante de dommages à mesure que les jours passent. Vu que nous ne connaissons pas l’ampleur du danger, nous ne pouvons ni l’évaluer ni décider s’il est ou non acceptable. La seule discussion possible porte actuellement sur le degré d’incertitude que nous acceptons en tant qu’individus.
Les dommages à l’ADN cellulaire, comprenant la simple rupture de brin, la double rupture de brin dans l’ADN cellulaire et l’oxydation des bases de l’ADN cellulaire, conduisant à des changements chromosomiques et autres changements mutationnels sont démontrés par de nombreuses études (Yakymenko et Sidorik 2010; Phillips et coll. 2009; Makker et coll. 2009; Ruediger 2009; Hazout et coll. 2008; Hardell et Sage 2008; Aitken et Iuliis 2007; Yakymenko et coll. 1999; Goldsmith 1997; Glaser 1971).
Il y a un an et demi, les conclusions des études NTP et Ramazzini ont rappelé une fois encore à la Confédération l’existence de preuves solides que le rayonnement de la téléphonie entraîne un risque génétique, que l’on soit utilisateur ou non, faisant de l’exploitation actuelle de cette technologie une solution non durable.
Nous avons analysé le sujet du risque génétique. L’OFSP reconnaît également «un effet sur les flux cérébraux» et aussi «une influence sur l’irrigation du cerveau». Dans un autre registre, elle évoque «un effet nocif sur la qualité du sperme», sans oublier «un effet sur la mort programmée des cellules et le stress oxydatif des cellules». Restons-en là pour aujourd’hui, même si l’influence sur le cerveau justifierait un exposé.
En ce moment, de nombreux chercheurs, scientifiques et particuliers continuent de mettre la pression sur les différents départements de la Confédération afin:
– que les normes suisses soient complètement révisées,
– qu’il y ait davantage d’informations factuelles facilement disponibles pour le consommateur,
– de réduire les exceptions à l’ORNI,
– d’adapter la législation au profit maximal des liaisons filaires,
– que les crèches, les écoles, les lieux d’accueil parascolaires, les hôpitaux, les homes et autres soient préservés des rayonnements,
– que les experts sans lien d'intérêts soient représentés en nombre égal des représentants en liens d’intérêts durant la prise de décisions importantes,
– et d’autres points encore.
Pour sa part, l’utilisateur est invité à réduire au minimum l’électrosmog généré par ses équipements en adoptant tous les gestes en ce sens, afin de minimiser le risque de dommages.
Ces publications complèteront utilement votre savoir :
Références
Brenner David et Sachs Rainer K. «Points de vue d’experts  de l’Université Columbia, New York, et de l’université de Californie, Berkeley»,  in «Controverse: les faibles doses de radiations ionisantes sont-elles  carcinogéniques?», Bulletin ·épidémiologique hebdomadaire, n° 15-16, 2006.
Brues J. S. «The New Emotionalism in Research» Journal of  Cancer Research, juillet 1955 p. 345-6.
Falcioni L, Bua L, Tibaldi E, Lauriola M, De Angelis L, Gnudi F, Mandrioli D, Manservigi M, Manservisi F, Manzoli I, Menghetti I, Montella R, Panzacchi S, Sgargi D, Strollo V, Vornoli A, Belpoggi F (2018): Report of final results regarding brain and heart tumors in Sprague-Dawley rats exposed from prenatal life until natural death to mobile phone radiofrequency field representative of a 1.8 GHz GSM base station environmental emission. Environ Res. 2018 Mar 7.
NTP (2018a): Actions from Peer Review of the Draft NTP Technical Reports on Cell Phone Radiofrequency Radiation March 26-28, 2018. National Toxicology Program, U.S. Department of Health and Human Services.
NTP (2018b): NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies in B6C3F1/N mice exposed to whole-body radio frequency radiation at a frequency (1,900 MHz) and modulations (GSM and CDMA) used by cell phones. National Toxicology Program, National Institutes of Health, Public Health Service, U.S. Department of Health and Human Sciences. NTP TR 596. Released 2 Feb 2018.
NTP (2018c): NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies in Hsd: Sprague Dawley SD rats exposed to whole-body radio frequency radiation at a frequency (900 MHz) and modulations (GSM and CDMA) used by cell phones. National Toxicology Program, National Institutes of Health, Public Health Service, U.S. Department of Health and Human Sciences. NTP TR 595. Released 2 Feb 2018.
NTP (2018d): NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies in B6C3F1/N mice exposed to whole-body radio frequency radiation at a frequency (1,900 MHz) and modulations (GSM and CDMA) used by cell phones. National Toxicology Program, National Institutes of Health, Public Health Service, U.S. Department of Health and Human Sciences. NTP TR 596. Released 1 Nov 2018.
NTP (2018e): NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies in Hsd: Sprague Dawley SD rats exposed to whole-body radio frequency radiation at a frequency (900 MHz) and modulations (GSM and CDMA) used by cell phones. National Toxicology Program, National Institutes of Health, Public Health Service, U.S. Department of Health and Human Sciences. NTP TR 595. Released 1 Nov 2018.
OFEV. Office fédéral de l’environnement, Informations à  l’intention des cantons du 17 avril 2019.
OMS, Effets génétiques des radiations chez l’homme,  1957.
OMS, Questions de santé mentale que pose l’utilisation de  l’énergie atomique à des fins pacifiques, 1958.
ICNIRP, Guidelines for limiting exposure to electric,  magnetic and electromagnetic fields, 2001 p. 4.
Stewart Alice, Leucémie infantile en Grande-Bretagne, avec  le Lady Tata Memorial Fund for Leukemia Research, British Medical Journal,  1956.
Toxicologie, Taschenatlas der Toxikologie, 2nd ed., by Franz-Xavier Reichl,  traduction de la 2e édition allemande Guide pratique de toxicologie, Éditions De  Boeck Université, 2002, p 288.
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