Les normes de l'OMS pour le rayonnement - Pierre Dubochet

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Normes de l'OMS pour le rayonnement non ionisant

L'OMS base ses recommandations selon les publications de l'ICNIRP, un consortium composé de membres cooptés venant du milieu industriel ou militaire, sous-représentée en biologistes. L'OMS entretien une relation étroite avec ce consortium sans statut scientifique officiel ni reconnaissance par les pairs financée essentiellement par l’industrie.

© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
29 mai 2013
mis à jour le 1er mai 2014
Sur quelles recommandations de niveaux de RNI se base l’OMS ?
Lecture : 3 min 30 | 1100 mots
Sur le site de l’OMS, on lit : «Les limites d’exposition aux champs électromagnétiques (CEM) fixées par la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (CIPRNI - ICNIRP) —une organisation non gouvernementale officiellement reconnue par l’OMS, ont été élaborées sur la base d’analyses portant sur tous les articles publiés dans les revues scientifiques avec comité de lecture, notamment ceux consacrés aux effets thermiques et non thermiques».
En réalité, une grande quantité de données scientifiques disponibles est systématiquement écartée, parce que le modèle économique voulu par l’ICNIRP le demande.
Sur la base des recommandations de l’OMS, les valeurs d’immission permises en Suisse par l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) sont:
  • 43 V/m à 900 MHz
  • 61 V/m à 1800 MHz ou plus
  • 50 V/m en cas d’émissions à 900 MHz et à 1800 MHz
  • 8.5 V/m pour les émetteurs à longues et moyennes ondes
  • 5.5 V/m pour les radars
  • 3 V/m pour les autres transmissions

Ces valeurs s’appliquent pour:

  • Les terrasses et toits en terrasse, balcons, jardins, places de travail ainsi que tous les autres espaces qui se trouvent à ciel ouvert, tels que les trottoirs, les rues piétonnes, les places de jardins d’enfants et de récréation d’écoles, les piscines. La cuisine d’un appartement est considérée comme une place de travail.

Des valeurs plus strictes sont appliquées dans les lieux à utilisation sensible (LUS), où les valeurs maximales sont environ dix fois moindres. Ces lieux sont :
LUS | lieu à utilisation sensible
  • les locaux situés à l’intérieur d’un bâtiment dans lesquels des personnes séjournent régulièrement durant une période prolongée;
  • les places de jeux publiques ou privées, définies dans un plan d’aménagement;
  • les parties de terrains non bâtis sur lesquelles des activités au sens ci-dessus sont permises.
[ORNI, art. 3, ch. 3]
Les places de jeux pour enfant privées, même si elles offrent un accès public, ne sont pas considérées par cette loi comme des lieux d’utilisation sensible.
À noter qu’il m’est arrivé de mesurer des valeurs supérieures aux limites autorisées dans les lieux d’utilisation sensible.

Aucun statut scientifique officiel pour l’ICNIRP
L’ICNIRP est composée de membres et de conseillers autoproclamés et cooptés, venant du milieu industriel ou militaire, sous-représentée en biologistes. Il s’agit d’une commission sans statut scientifique officiel ni reconnaissance par les pairs.
Seuls les «effets avérés ont été retenus comme fondements pour les valeurs limites d’exposition proposées» avertit l’ICNIRP. Ainsi, «ce guide n’est fondé que sur des effets immédiats sur la santé, tels que la stimulation des muscles ou des nerfs périphériques, les chocs et brûlures provoqués par le contact avec des objets conducteurs, ou encore l’élévation de température des tissus sous l’effet de l’absorption d’énergie liée à l’exposition aux champs électromagnétiques».
Il y a donc d’emblée aveu que leurs recommandations sont impropres à assurer une protection à l’exposition chronique.
Financée essentiellement par l’industrie et aux seules fins de soutenir d’énormes activités économiques, l’ICNIRP publie depuis 1998 des opinions qu’elle fait passer pour de la science.
Devant une cour, le président de l’ICNIRP a déclaré que les limites d’exposition aux microondes ont été fondées sur l’analyse comportementale de primates (non humains) notamment en quête de nourriture, par exemple les recherches de John D’Andrea des années 1970. Ce président a reconnu que «les changements comportementaux sont assez variables entre les populations» en sus de «l’imprécision des études» et «l’imprécision dans la dosimétrie».
L’industrie a pu largement déployer les technologies sans fil grâce à l’instrumentalisation de la science façon ICNIRP, au détriment des utilisateurs. Les communiqués fallacieux de l’ICNIRP influencent aujourd’hui encore l’adaptation des décisions aux informations actuelles.
À Stockholm, le Conseil d’éthique de l’Institut Karolinska a décidé en 2008 qu’être membre de l’ICNIRP peut être considéré comme un conflit d’intérêts qui devrait être mentionné dans les publications scientifiques (Journal de l’Institut Karolinska n° 3753-2008-609).
L’OMS valide les limites d’exposition non scientifiques de l’ICNIRP, ce qui crée un risque sanitaire au niveau mondial.
Première lacune inacceptable :
Cette revue a été conduite en appliquant des critères d’évaluation de la crédibilité des différentes observations rapportées (Repacholi et Stolwijk, 1991; Repacholi et Cardis, 1997) et propose des seuils d’exposition pour une durée de six minutes (p. 35).
Pourtant, nous baignons quotidiennement dans un signal d’hyperfréquences quasi permanent qui de surcroît se développe sans cesse, sauf à vivre dans une région reculée et s’abstenir d’être dans le champ d’émission de microonde de proximité.
Deuxième lacune inacceptable :
Seuls les «effets avérés ont été retenus comme fondements pour les valeurs limites d’exposition proposées», avertit l’ICNIRP. Ainsi, «ce guide n’est fondé que sur des effets immédiats sur la santé, tels que la stimulation des muscles ou des nerfs périphériques, les chocs et brûlures provoqués par le contact avec des objets conducteurs, ou encore l’élévation de température des tissus sous l’effet de l’absorption d’énergie liée à l’exposition aux champs électromagnétiques» (pp 21 - 22).
Quant au risque de cancer à la suite d’irradiation sur le long terme, l’ICNIRP conclut que les données disponibles «étaient insuffisantes pour servir de base à l’établissement de valeurs limites d’exposition».
Enfin, elle accepte que des «recherches épidémiologiques ont cependant apporté des éléments en faveur d’une association entre l’exposition à des densités de flux magnétique très inférieures aux valeurs recommandées dans le présent guide, pour les champs de 50/60 Hz et effets cancérogènes potentiels».
L’insécurité et la probabilité d’une atteinte
Consommateurs et non-consommateurs –ces derniers exposés contre leur gré malgré qu’ils n’en tirent aucun bénéfice– sont pareillement face à une insécurité, à la probabilité d’une atteinte plus ou moins grande, avec un degré d’incertitude. Tout cela engendre des liens complexes, que les méthodes de recherche disponibles à l’heure actuelle ne permettent pas de comprendre.
La science ne sait pas en quoi consistent les forces et les rayonnements électromagnétiques. La lumière se comporte comme une vibration tout en présentant les propriétés des particules. Ce phénomène restera inexplicable tant que nous ne nous déciderons pas à abandonner notre représentation traditionnelle de l’espace et du temps.
Tant que la science voudra comprendre indubitablement comment les forces électromagnétiques peuvent interférer avec notre fonctionnement biologique, elle ne pourra pas conclure à une relation de cause à effet claire.
Chaque jour qui passe lie les usagers au confort des appareils sans fils, à un point tel que désormais, même si les instances officielles se décidaient enfin à communiquer sur les dangers, une part des utilisateurs continueraient d’exposer leur santé pareillement.
Ces publications complèteront utilement votre savoir :
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