5G, un groupe de travail chargé d'étudier les risques. - Pierre Dubochet

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5G : un groupe de travail chargé d'étudier les risques

Le groupe de travail, composé de représentants des milieux concernés, analysera les besoins de la téléphonie mobile et les risques en matière de rayonnement à court et à moyen termes, notamment dans le cadre de l’introduction de la 5G.

© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
11 octobre 2018
mis à jour le 11 avril 2019
5G | la conseillère fédérale Doris Leuthard crée un groupe de travail chargé d'étudier les risque
Lecture : 5 min 20 | 1550 mots
Le groupe de travail, composé de représentants des milieux concernés, analysera les besoins de la téléphonie mobile et les risques en matière de rayonnement à court et à moyen termes, notamment dans le cadre de l’introduction de la 5G
Ce n'est un secret pour personne: certains milieux économiques et les opérateurs de téléphonie mobile ne ménagent pas leurs efforts en vue de déployer la cinquième génération de communication sans-fil, quoiqu'un risque sanitaire majeur semble se dessiner et que les assureurs se sont désistés depuis longtemps.
La 5G envisagée implique de mettre à jour les stations de base existante, de densifier fortement ce réseau et de répandre des objets connectés dans nos lieux de vie. Chaque objet connecté émet périodiquement des rayonnements, la plupart du temps à l'insu de l'utilisateur et hors de son contrôle.
Ces rayonnements peuvent présenter des risques biologiques, puis devenir des risques pathologiques à long terme, lorsque les objets émetteurs se trouvent à moins de trois à cinq mètres du corps (y compris à travers murs et planchers), particulièrement durant le sommeil où l'organisme doit être préservé de sollicitations environnementales.
La téléphonie mobile de première génération, puis les trois technologies successives ainsi que les mises à jour intermédiaires ont été déployées sans contrôle sanitaire de longue durée en amont. Nous ne savons pas ce qui pourra se produire lorsque nous serons exposés, en plus des rayonnements actuels, à celui de la 5G des stations de base en plus de celui de dizaines d'objets connectés dans nos habitats.
Intolérance, et non électrohypersensibilité
Le fait que les symptômes —largement documentés depuis les années 1930— ne soient pas aujourd'hui reconnus ainsi qu'ils devraient l'être, va créer des situations potentiellement dommageables à ceux qui dont la suceptibilité individuelle entraîne un seuil de tolérance bas. Il ne s'agit nullement d'électrohypersensibilité, mais bien d'une réaction d'intolérance de l'organisme.
Des primates et des ondes
Comment les normes ont-elles été établies? En observant le comportement de primates non humains exposés aux ondes.
Cette approche non scientifique a servi à poser les bases légales. Grâce à différents subterfuges, l'économie peut exploiter des équipements nocifs tout en étant exemptée des coûts sanitaires. Par exemple, Swisscom a reconnu en 2003 que l'électrosmog du sans-fil entraîne des «dommages clairs du matériel héréditaire» (le lien ouvre un nouvel onglet) et qu'il y a «des indications d’un risque accru de cancer». Et rien ne change.
  • C'est un fait : les normes en vigueur ne protègent pas des risques sanitaires de l'exposition chronique aux RNI des stations de base de téléphonie mobile.
Le rayonnement non ionisant (RNI) de la téléphonie mobile pollue à des densités de puissances fortement significatives notre environnement jusque dans nos chambres à coucher. Avec différentes fréquences (800, 900, 1'800, 2'100 et 2'600 MHz) pulsées en basse fréquence. Et cela 24h/24. Par son extrême complexité, la nocivité de l'exposition chronique aux stations de base ne peut pas être déterminée en laboratoire.
Sur la modulation de l'onde
La 5G nous exposera à des signaux supplémentaires dans les fréquences de 700, 1'400 et 3'500 - 3'800 MHz. Plus que la fréquence elle-même, c'est la modulation de l'onde qui détermine le risque.
Le rayonnement de la 2G, de la 3G et de la 4G entraîne des effets nocifs pour l'organisme dès que la densité de puissance diurne dépasse 100 µW/m2 (0,2 V/m) selon l'Académie européenne de médecine environnementale EUROPAM, organisme sans conflit d'intérêts. Le GPRS (aussi appelée 2,5G) entraîne des effets nocifs au-delà de 10 µW/m2 (0,06 V/m). Voir le tableau (ouvre un nouvel onglet).
L'ORNI autorise des rayonnements jusqu'à 70'000 µW/m2 (5 V/m) dans les lieux de vie (les LUS, ORNI art. 3 let. 3) et jusqu'à 10'000'000 µW/m2 (61 V/m) partout ailleurs.
Les renseignements les plus précis sur les risques sanitaires de la téléphonie mobile sont obtenus en comparant, dans leur vie quotidienne, des groupes de personnes exposées à d’autres, moins exposées. Chercher à exposer toute la population prive les scientifiques de groupes de contrôle non exposés.
En septembre 2018, la conseillère fédérale Doris Leuthard a mis sur pied un groupe de travail sous l’égide de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV, lire ci-contre) chargé d'étudier le risque de l'exposition aux rayonnements qui seront émis par les stations de base qui émettront la 5G.
Le communiqué précise que le groupe «se penchera également sur les valeurs limite à adopter» et présentera un rapport et des recommandations sur la marche à suivre. À l'origine prévu pour l'été, la publication du rapport a été reportée à la fin de l'année 2019 au vu de l’ampleur de la tâche.
L'ORNI entraverait-elle le développement du réseau 5G?
Tout porte à le croire. Le dernier paragraphe signale qu'en parallèle, l'OFEV «prépare la révision de l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant afin de combler les lacunes en matière de réglementation qui pourraient entraver le développement du réseau 5G».
L'ORNI est censée nous protéger des risques de l'exposition aux ondes. Elle ne nous protège pas pour l'exposition chronique. Plusieurs raisons à cela :
  • les documents originaux se basent sur des expositions de courte durée avec une approche non scientifique,
  • l'exposition au RNI est cumulative. Le risque d'atteinte augmente avec l'âge,
  • le risque sanitaire dépend de susceptibilités individuelles peu connues,
  • la diversité et la multiplication des sources complexifient la maîtrise du risque,
  • il n'est pas tenu compte qu'il existe scientifiquement des fréquences beaucoup plus nocives que d'autres,
  • il n'est pas tenu compte qu'il existe scientifiquement des intensités de champs beaucoup plus nocives que d'autres,
  • il n'est pas tenu compte d'autres polluants qui interfèrent également avec nos systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire notamment, et abaissent le seuil de tolérance,
  • la prévention doit rester «économiquement supportable» pour les exploitants, sans qu'existe une définition.
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61 V/m en Suisse. Aucun pays n'autorise une valeur supérieure
À peu près chaque fois qu'on lit un texte sur la téléphonie mobile, on a droit à la sempiternelle affirmation que les lois suisses sont beaucoup plus restrictives qu'à l'étranger. Cet argument est totalement fallacieux et hors de propos. Répété et répété encore, il s'incorpore dans le champ des pensées et peut devenir une vérité.
À ma connaissance, il n'existe aucun autre pays qui autorise un champ électrique plus puissant pour la téléphonie mobile que le champ électrique autorisé sur la quasi-totalité du territoire Suisse.
Le fait que cet argument fallacieux apparaisse assez systématiquement, même quand il n'a pas lieu d'être, prouve la forme construite de la désinformation au sujet de la téléphonie mobile.
Composition du groupe de travail sur la 5G
M. Paul Steffen, président du groupe de travail, occupe un poste de sous-directeur de l’OFEV depuis septembre 2017. Il est au bénéfice d'un doctorat en agronomie obtenu en 1992.
Un mot avant de présenter les sous-groupes. Ils sont assortis de différents groupes de couleur, selon ce que j'estime de leur prise en compte du risque sanitaire scientifiquement connu.
Ne tient pas assez compte du risque sanitaire
Tient compte du risque sanitaire
Je n'ai pas assez d'information
Les sous-groupes sont les suivants :
a. Les représentants des opérateurs de la téléphonie mobile
  • Association Suisse des Télécommunications ASUT
  • Salt Mobile SA
  • Sunrise
  • Swisscom AG

b. Les représentants du corps médical
  • Fédération des médecins suisses FMH
  • Médecins en faveur de l'Environnement MfE

c. Les autorités compétentes
  • Office fédéral de l'environnement, OFEV (Présidence)
  • Office fédéral de la communication, OFCOM
  • Office fédéral de la santé publique, OFSP
  • Office fédéral de la protection de la population, OFPP
  • Institut fédéral de métrologie, METAS
  • Commission fédérale de la communication, ComCom
  • Conférence des chefs des services de la protection de l’environnement, CCE
  • Union des villes suisses

d. Les experts
  • Swiss Research Foundation for Electricity and Mobile Communication (FSM)
  • The Foundation for Research on Information Technologies in Society IT’IS
  • Le groupe consultatif d’experts en matière de RNI (BERENIS), dont le directeur est Martin Röösli. Le lien pointe vers ses conflits d'intérêts eu égard à sa fonction.

Les conclusions de ce groupe de travail influenceront notre exposition chronique aux rayonnements des quelque dix-neuf mille stations de base du pays, et à celles à venir. L'OFEV n'a pas de pouvoir décisionnel. Son mandat se limite à présenter un rapport comprenant des recommandations sur la suite des travaux.
Ces publications complèteront utilement votre savoir :
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